Pensée et Action

Mettons fin à cette dichotomie et partons de l'axiome qu'il n'y a pas d'action sans pensée ni de pensée sans action. Voilà que Philidor qui attribuait le mal de vivre et le malaise de la société entre autres au manque de créativité qu'il recommandait aux joueurs d'échecs de retrouver dans la pratique même des échecs déclare maintenant que les échecs peuvent lui rendre non seulement sa créativité mais aussi lui permettre de réconcilier en lui pensée et action.

Donc pas d'action sans pensée ni de pensée sans action et par conséquent cessons de dire : "je n'y avais pas pensé" ou autres expressions de ce genre laissant entendre qu'il y aurait d'un côté la pensée et de l'autre l'action. Maintenant qu'il y ait dans la société d'un côté les penseurs et de l'autre les hommes d'action ne veut pas pour autant dire que les penseurs sont des inactifs et que les hommes d'actions ne pensent pas. C'est peut-être ce que l'on voudrait nous laisser croire ou ce à quoi l'on voudrait nous cantonner : les uns à penser, les autres à agir (sur ordre de préférence) ; et cela ne fait certainement ni le bonheur des uns ni celui des autres, il s'ensuit même sans doute une certaine frustration, voire à la longue incapacité, sentiment d'incomplétude ou de passivité.

           N'empêche que, revenons à notre axiome de base, il n'y a pas de pensée sans action ni d'action sans pensée. Rien de plus clair d'ailleurs pour un joueur d'échecs qui dans une partie d'échecs doit à la fois penser à ce qu'il fait et faire ce qu'il pense. Néanmoins cette dichotomie entre pensée et action est inscrite en lui comme en chacun d'entre nous et à tel point qu'il peut-être ammené à se dire :

- Oh! toute cette théorie des échecs, moi je joue

laissant là les penseurs de côté, lui c'est un homme d'action, il est pratique. Fort de son fait il les attent tous ces théoriciens des échecs, son expérience pratique aura raison d'eux.

Or s'il les bat, malheurs à eux, malheurs à nos penseurs des échecs car eux aussi souffrent de cette dichotomie entre pensée et action, et peuvent en faire les frais. A l'inverse de lui, ils se disent ou se sentent comme penseurs et le passage à l'acte ou la prise de décision leur coûte; oui! leur coûte parfois ou souvent la partie.

        Philidor voudrait non seulement les réconcilier mais surtout réconcilier en chacun d'eux Pensée et Action qui, répétons le, ne font qu'un ; qu'un homme heureux, soit-il ou non joueur d'échecs, qui, tout comme quand il retrouve en lui sa part de créativité, quand il retrouve en lui cette unité Pensée Action se retrouve aussi en tant qu'homme à part entière.